Acta est fabula
Yuval Pick
Centre Chorégraphique National de Rillieux la Pape
Création Sonore Max Bruckert, Olivier Renouf / Assisté de Clément Hubert / Scénographie Bénédicte Jolys / Costumes Ettore Lombardi / assisté de Paul Andriamanana / travail vocal Myriam Djemour / Regard extérieur Michel Raskine / Assitanat à la chorégraphie Sharon Eskenazi / Interprettre Julie Charbonnier, Thibault Desaules, Madoka Kobayashi, Adrien Martins, Guillaume Zimmermann
Photo © Laurent Phillipe
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Adrien Martins est pour l'instant seul en scène. Il crie. Il porte un haut vert et un pantalon à
rayures, ça aussi c'est tonitruant. L'homme aux allures de loup-garou joue autant les singes que
les clowns en imposant un étrange rebond. Puis arriveront des micros, mais ici, ils seront utiles
et non pas un subterfuge emprunté au théâtre contemporain. Oui utile, car Acta est Fabula est
une réflexion sur l'être ensemble, entendez autrement : le choeur.
Il ne restera pas seul longtemps, rejoint par les autres danseurs de la compagnie : Julie
Charbonnier, Thibault Desaules, Madoka Kobayashi et Guillaume Zimmermann. Ils sont tous
pailletés, vêtus comme une soirée déguisée années 80. Yuval Pick empreinte volontairement
des sons et des gestes au patrimoine de la culture pop entendue au sens large. Les bras se
lèvent vers le ciel comme les juifs hassidiques, les épaules s'opposent comme chez les
danseurs orientaux. Yuval Pick est né en Israël, il a été formé ( notamment) à la Batsheva, et
s'amuse ici clairement des gestes fondateurs de la culture israélienne. On retrouve une énergie
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semblable à celle des travaux d'Hofesh Shechter, mais ici, les enjeux politiques ne sont pas au
centre, et aussi ceux d'Alessandro Sciarroni, mais sans la part obsessionnelle.
Fidèle à sa signature, Yuval Pick offre à ses danseurs un corpus de gestes comme des
postures : un rebond, un déhanché, des mains qui tremblent, des courses, des marches. Il
travaille la ligne pour mieux la troubler. Il nous perd sans cesse en dialoguant, à la façon
démente de cette scène où un homme-totem se voit offrir une danse sacrificielle en grand écart.
Il fait de ses magnifiques interprètes, extrêmement incarnés, des porteurs de sons. On entend
la fin de la célèbre version live de "Purple Rain", la voix de Dalida, The Clash, mais toujours
pour donner le "la", jamais pour être joli ou illustratif. La lumière très fine de Sébastien Lefèvre
évolue jusqu'au blanc clinique pour quitter l'humour et la légèreté. Les pas sont lourds, graves,
fatigués. Etre ensemble est un épuisement, une écoute nécessaire qui, semble dire Yuval Pick,
demande des efforts monstrueux. Le resultat est une pièce jubilatoire aux dynamiques à la fois
opposées et rassemblées. Une proposition exigeante à laquelle il est fascinant de se laisser
prendre.
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